Quelle est la position de la Chine à l’égard de la Russie, et comment peut-elle évoluer ?

Récemment, les politiciens occidentaux se sont de plus en plus tournés vers les dirigeants de Pékin pour tenter de persuader la Chine d’user de son influence auprès de la Russie sur le sujet de la guerre en Ukraine. La Chine est l’ami le plus puissant et le principal partenaire commercial de la Russie.

Les diplomates américains ont exhorté la Chine à convaincre la Russie de s’abstenir d’utiliser des armes nucléaires contre l’Ukraine. Le 4 novembre, le chancelier allemand Olaf Scholz est venu à Pékin avec une délégation et a exhorté le président chinois Xi Jinping à user de son influence pour inciter la Russie à mettre fin à la guerre en Ukraine.

Les deux présidents ont convenu qu’il était “irresponsable et terriblement dangereux” que la Russie parle d’utiliser des armes nucléaires, selon M. Scholz.

Mais, il semble que la Chine joue un double jeu : alors que Pékin soutient la souveraineté de l’Ukraine, Xi a refusé de condamner l’invasion. Il paraît aussi que la Chine n’a pas encore utilisé son influence sur la Russie pour mettre fin au conflit.

Bien que le dirigeant chinois Xi Jinping ait qualifié le président russe Vladimir Poutine de “meilleur ami” et que le dirigeant russe ait répondu de la même manière, la Chine n’a pas soutenu la Russie lorsque l’ONU a voté une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine. Cependant, la Chine ne s’est pas non plus opposée à cette invasion.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, la Russie a commencé à déplacer son commerce vers l’est et à s’efforcer de tisser des liens avec des nations qui ne font pas partie de la sphère d’influence du monde occidental.

Des relations sans restrictions ?

Pékin et Moscou ont signé un traité indiquant qu’il n’y a “aucune limite” à la collaboration entre les deux nations peu avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine.

Toutefois, il existe des restrictions ; par exemple, si la Russie devait utiliser des armes nucléaires en Ukraine. Aucune nation ne supporterait un conflit nucléaire, car il pourrait conduire à la fin de l’humanité. Dans ce domaine, même la Chine ne peut dépasser le point de rupture.

La Chine pourrait modifier sa “position neutre” actuelle dans la guerre Russie-Ukraine dans l’une des deux situations suivantes, la première étant que la Russie utilise des armes nucléaires tactiques. Cela obligerait la Chine à adopter une position beaucoup plus ferme sur l’Ukraine et à faire pression sur Moscou. Les dirigeants russes considèrent qu’il s’agit d’une réponse éventuelle de la Chine, et c’est pourquoi ils s’abstiennent d’utiliser des armes nucléaires.

Des décisions difficiles

La Chine se trouve dans une situation difficile. Pékin, qui a l’expérience de la manière d’opérer dans de telles situations et d’accroître son autorité, est intéressé par un ordre mondial stable et prévisible. À cet égard, la Chine ne profite pas de la guerre en Ukraine, avec laquelle elle a également des liens commerciaux.

La Chine, en revanche, partage les vues de la Russie sur un monde multipolaire et la nécessité d’affaiblir l’Occident, et son alliance avec la Russie lui donne une arme avec laquelle défier les États-Unis et l’Europe. Toutefois, même dans ce cas, les choses ne sont pas aussi simples : l’invasion russe de l’Ukraine a suscité une rare solidarité entre les nations occidentales, qui ont coordonné de toute urgence l’approbation de sanctions de plus en plus nombreuses contre Moscou. Une telle unité ne profite pas à la Chine.

L’exemple de l’Ukraine a démontré à la Chine que, malgré la dépendance de l’Europe à l’égard des approvisionnements énergétiques russes, l’UE était toujours capable de présenter un front uni et d’imposer des sanctions sévères à la Russie lorsque celle-ci a lancé une guerre totale.

La Chine s’est retrouvée dans une position difficile. D’abord, la Chine a des raisons politiques et économiques de travailler avec la Russie. Simultanément, la Chine souhaite travailler avec l’Ukraine. Troisièmement, il est crucial pour la Chine que ses liens avec l’Union européenne ne se détériorent pas.

Par conséquent, la Chine cherche, de plus, à préserver et, éventuellement, à étendre son partenariat stratégique avec la Russie. Pourtant, il est important qu’elle ne se rapproche pas trop de Moscou – cela augmenterait le risque d’ordonner des sanctions à Pékin même.

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